Ce lac du Morvan en forme de croissant cache des poissons records

Au cœur du Morvan, un plan d'eau dessine une courbe parfaite qui défie les lois habituelles de la géomorphologie lacustre. Lors de ma première découverte du Lac du Crescent, cette forme si particulière m'a immédiatement frappé : comment un lac artificiel peut-il adopter naturellement la silhouette d'un croissant de lune ?
Niché à 300 mètres d'altitude entre la Nièvre et l'Yonne, ce plan d'eau de 168 hectares révèle bien plus que sa morphologie singulière. Les pêcheurs initiés murmurent des histoires de brochets dépassant le mètre, de sandres frôlant les 80 centimètres. Une réputation qui intrigue autant qu'elle fascine.
Mais le véritable secret de ce lac réside dans son histoire : financé par les indemnités de guerre allemandes après 1918, il incarne une page méconnue de notre patrimoine hydraulique. Un ouvrage né des tragédies du XXe siècle, devenu sanctuaire de biodiversité exceptionnelle.
Le seul lac français baptisé d'après sa géométrie
Une morphologie unique visible du ciel
Le Lac du Crescent tire son nom de sa forme caractéristique en croissant, résultat de la confluence entre la Cure et le Chalaux. Cette particularité morphologique, rare en France, se dessine parfaitement sur les vues aériennes. Avec ses 330 mètres de barrage et ses 37 mètres de hauteur, l'ouvrage épouse naturellement les courbes du relief granitique morvanais.
Des profondeurs insoupçonnées
Contrairement aux apparences, ce lac cache des abysses remarquables. Sa profondeur maximale de 40 mètres en fait l'un des plus profonds du Morvan, dépassant largement d'autres lacs de barrage français. Ces fonds rocheux et abrasifs créent un écosystème sous-marin complexe, propice au développement d'une faune piscicole d'exception.
Un patrimoine industriel né des réparations de guerre
L'héritage méconnu de 1918
Entre 1929 et 1933, les indemnités versées par l'Allemagne vaincue ont financé ce barrage révolutionnaire. Cette origine historique unique rapproche le Crescent d'autres grands ouvrages français de l'entre-deux-guerres, témoins d'une époque de reconstruction nationale ambitieuse.
Triple mission stratégique
Bien au-delà de sa fonction hydroélectrique, ce lac assure une mission capitale : protéger Paris des crues de la Seine. Avec ses 14,25 millions de mètres cubes de capacité, il participe activement au système de régulation qui sécurise la capitale, à l'instar d'autres lacs du Morvan. Une responsabilité hydraulique considérable pour un plan d'eau si discret.
Le paradis secret des pêcheurs expérimentés
Des records qui défient l'entendement
Les guides locaux le confirment : le Crescent produit régulièrement des carnassiers aux dimensions exceptionnelles. Brochets d'un mètre, sandres de 80 centimètres, silures dépassant 1,80 mètre... Ces tailles record s'expliquent par la profondeur inhabituelle et la richesse des fonds rocheux, créant des caches naturelles idéales.
Note de terrain : La pêche de nuit y est autorisée, privilège rare sur les grands lacs publics français. J'ai pu observer des pêcheurs expérimentés traquer les gros sandres dans l'obscurité, exploitant la topographie complexe des anciens ponts immergés.
Un environnement préservé par sa difficulté d'accès
L'absence d'infrastructures touristiques majeures maintient l'authenticité sauvage du site. Les routes secondaires étroites découragent le tourisme de masse, préservant cette atmosphère de lac de montagne confidentiel. Une aubaine pour les amateurs de nature intacte.
Votre escapade au cœur du Morvan authentique
Accès et équipement recommandés
Depuis Avallon, comptez 30 minutes par les routes départementales sinueuses. Prévoyez chaussures de randonnée et vêtements chauds, même en été : les brouillards matinaux sont fréquents à cette altitude. Le sentier GR 13 offre les plus beaux points de vue sur la forme caractéristique du lac.
Meilleure période selon vos attentes
Pour la pêche, privilégiez septembre-octobre quand les carnassiers sont les plus actifs. Les randonneurs apprécieront mai-juin pour la tranquillité et les couleurs printanières. L'hiver révèle une ambiance mystérieuse particulièrement photogénique, avec des paysages figés dans la brume.
Vos questions sur cette destination confidentielle
Peut-on se baigner dans le Lac du Crescent ?
La baignade n'est pas officiellement interdite mais reste déconseillée. La température de l'eau reste fraîche même en été, et les fonds rocheux présentent des risques. Les activités nautiques se limitent au kayak et au pédalo sur certaines zones.
Faut-il un permis spécial pour pêcher ?
Une carte de pêche départementale suffit. La réglementation locale autorise la pêche de nuit, avantage rare qui attire les spécialistes de carnassiers. Respectez les quotas et les tailles minimales, particulièrement strictes sur ce plan d'eau classé.
Le lac est-il accessible en hiver ?
Les routes restent praticables mais nécessitent prudence par temps de gel. L'ambiance hivernale récompense les visiteurs courageux : paysages enneigés, silence absolu, lumières dorées sur les eaux sombres. Une expérience contemplative inoubliable.
Ce lac en forme de croissant révèle l'âme secrète du Morvan : sauvage, authentique, chargé d'histoire. Loin des sentiers battus, il offre une immersion totale dans une nature préservée où chaque détail raconte une histoire singulière. Une destination qui récompense ceux qui prennent le temps de la découvrir vraiment.