Ce lac du Morvan protège Paris des crues depuis 1933

Au cœur du Morvan, une étendue d'eau de 135 hectares cache un secret hydraulique méconnu. Lorsque je découvre pour la première fois le lac de Chaumeçon depuis les hauteurs boisées de Brassy, je réalise que cette retenue artificielle joue un rôle crucial dans la protection de Paris contre les crues. Construit entre 1931 et 1933, ce lac de 19 millions de mètres cubes n'est pas qu'un simple plan d'eau récréatif.
Niché à 388 mètres d'altitude dans la Nièvre, Chaumeçon fait partie d'un système de régulation hydraulique unique en France. Ses berges sauvages et pentues, couvertes de chênes et de hêtres, tranchent avec l'aspect plus touristique des Settons, situés à peine 30 kilomètres plus au sud.
Cette retenue du Chalaux représente bien plus qu'une prouesse d'ingénierie des années 1930. Elle incarne l'authenticité du Morvan, loin des foules estivales qui envahissent les lacs alpins. Ici, la nature reprend ses droits sur 4 kilomètres de longueur.
Le barrage qui protège Paris depuis 1933
Une mission hydraulique méconnue
Chaumeçon stocke les eaux d'octobre à juin pour les libérer entre juillet et septembre, régulant ainsi indirectement les crues de la Seine. Son barrage de 36,3 mètres de hauteur peut retenir jusqu'à 50 mètres de profondeur d'eau. Cette gestion saisonnière permet d'éviter les débordements dans la capitale, tout en alimentant l'usine hydroélectrique qui dessert l'Avallonnais en eau potable.
Un financement historique particulier
Les 65 000 mètres cubes de matériaux du barrage ont été financés par les dommages de guerre imposés aux Allemands après 1918. Cette origine singulière fait de Chaumeçon un témoin discret des reconstructions d'après-guerre. Le lac artificiel de Moselle partage cette particularité historique liée aux réparations allemandes.
Une authenticité préservée qui défie le temps
Le plus sauvage du Morvan
Contrairement aux autres retenues de la région, Chaumeçon a conservé son caractère naturel. Ses berges abruptes limitent l'accès et préservent la tranquillité du site. La forêt descend jusqu'à l'eau, créant des reflets changeants selon les saisons. Cette configuration géologique unique en fait le lac le plus préservé du massif.
Une biodiversité exceptionnelle
Les carpes communes atteignent ici une taille moyenne de 8 kilos, profitant des eaux froides et oxygénées. Brochets et sandres complètent un cheptel piscicole remarquable. L'écosystème forestier abrite également une avifaune variée, des buses aux hérons cendrés qui nichent dans les anfractuosités rocheuses.
Note de terrain : L'absence de plages aménagées à Chaumeçon contraste saisissamment avec l'artificialisation croissante des lacs alpins. Ici, la nature dicte encore ses règles aux visiteurs.
L'expérience exclusive qui vous attend
Le tour du lac en 17 kilomètres
Le sentier qui longe la rive ouest puis traverse la forêt dense offre des panoramas saisissants sur cette clairière d'eau. Comptez 5 heures pour cette randonnée exigeante qui révèle tous les visages de Chaumeçon. Les passages en sous-bois alternent avec les points de vue dégagés sur le barrage et sa centrale.
Des activités nautiques authentiques
EDF gère les lâchers d'eau qui alimentent les activités d'eaux vives sur le Chalaux en aval. Kayak, paddle et aviron se pratiquent dans un cadre préservé, loin de l'agitation des bases nautiques commerciales. La pêche de jour permet de traquer les gros spécimens dans cette cathédrale végétale. Le lac artificiel du Jura propose une expérience similaire dans un autre contexte montagnard.
Accès et conseils d'initié
Une approche discrète depuis Saulieu
La D606 depuis Saulieu puis la D33 permettent d'atteindre les abords du lac en 45 minutes. Évitez les week-ends de juillet-août pour profiter pleinement de la sérénité des lieux. Le parking près de Brassy constitue le point de départ idéal pour la découverte à pied.
Timing optimal selon les saisons
En cette fin septembre 2024, les couleurs automnales subliment les reflets sur l'eau calme. L'hiver révèle la structure du barrage dégagée de sa végétation luxuriante. Printemps et été correspondent aux périodes de lâchers d'eau, animant le Chalaux en aval. Cette hydraulique maîtrisée rappelle les prouesses du tunnel souterrain bourguignon qui défie également les lois de la gravité.
Questions pratiques sur le lac de Chaumeçon
Peut-on se baigner dans le lac de Chaumeçon ?
La baignade n'est pas officiellement interdite mais reste déconseillée en raison des berges abruptes et de la profondeur importante. Les eaux froides du Morvan nécessitent une excellente condition physique.
Quelle est la meilleure période pour visiter Chaumeçon ?
D'avril à octobre pour la randonnée, juillet-septembre pour les activités nautiques lors des lâchers d'eau. L'automne offre des couleurs exceptionnelles mais limite les sports aquatiques.
Où peut-on pêcher sur le lac ?
La pêche est autorisée uniquement de jour sur l'ensemble du lac. Les plus gros spécimens se trouvent près du barrage et dans les anses les plus profondes.
Chaumeçon révèle ainsi tous ses secrets à qui sait prendre le temps de l'explorer. Cette retenue du Morvan, gardienne discrète de l'équilibre hydraulique francilien, mérite le détour pour son authenticité préservée et son rôle méconnu dans la protection de la capitale.