Oubliez Trevi : cette fontaine de Besançon cache un aqueduc romain du Ier siècle

Au crépuscule, les reflets dorés de Diane dansent dans le bassin du square Saint-Amour. L'eau jaillit doucement du bronze patiné, murmurant des secrets vieux de 2000 ans. Un couple dépose discrètement une pièce dans l'eau turquoise, perpétuant un rituel amoureux discret.

Sous cette fontaine néo-classique de Besançon dort un aqueduc romain du Ier siècle. Ici, trois époques historiques se superposent en 1 hectare de verdure urbaine. Découvrez un Trevi français sans foule, gratuit, où l'éternité n'est pas légende mais pierre millénaire.

Trois siècles d'histoire sculptés dans la pierre du Doubs

Le square Saint-Amour s'étend en plein cœur de Besançon, ville de 117 000 habitants perchée à 250 mètres d'altitude. Le petit temple dorique en pierre de taille locale émerge de la verdure à l'anglaise. Quatre piles d'angle soutiennent l'architecture néo-classique vernaculaire du XIXe siècle.

La statue de Diane chasseresse domine le bassin circulaire de ses 2 mètres de hauteur. Le bronze Ducel capte la lumière changeante, de l'or matinal au cuivre vespéral. Les falaises rocheuses du Doubs dessinent l'horizon, contrastant avec le silence relatif du square.

Aucun bruit de foule touristique ici. Seuls quelques promeneurs bisontins traversent les allées ombragées. L'eau turquoise des résurgences scintille sous les arbres centenaires, offrant une fraîcheur apaisante.

Le temple dorique qui défie les modes architecturales

Classé Monument Historique en 1886, le square mélange pierre calcaire blanche du Doubs et verdure soignée. Les proportions harmonieuses des quatre colonnes contrastent avec la monumentalité baroque italienne. Cette sobriété néo-classique révèle l'élégance provinciale française du XIXe siècle.

Diane chasseresse : de Versailles à Besançon en 1683

Comme l'explique le comte de la Baume Saint-Amour dans les archives Mérimée : "Cette sculpture est offerte à Louis XIV, lors de son passage à Besançon en 1683." La technique de fonte au sable Ducel révèle un savoir-faire métallurgique d'exception. La pose dynamique de l'arc tendu symbolise la chasteté mythologique, contrastant avec la légende amoureuse populaire.

Sous vos pieds : l'aqueduc romain que personne ne voit

Les vestiges du bassin de distribution de l'aqueduc romain Besançon-Arcier sommeillent sous le square. Cette infrastructure hydraulique du Ier siècle captait les sources d'Arcier, situées à 5 kilomètres de distance. L'eau arrivait par gravité, alimentant thermes et fontaines urbaines.

Vidéo du jour

Auguste Castan, archéologue spécialisé, décrit ces vestiges : "C'est alors une large cuve en pierre de taille cimentée comprenant trois à quatre étages... vestiges du bassin de distribution des eaux de l'aqueduc de Besançon-Arcier." L'ingénierie millénaire fonctionne encore aujourd'hui. Les résurgences alimentent la fontaine actuelle.

Besançon révèle un palimpseste hydraulique exceptionnel. La Fontaine des Dames, datée de 1760-1785 et classée MH, intègre une sirène de Claude Lullier réemployée du palais Granvelle de 1542. Vingt fontaines historiques parsèment la ville, témoignant de cette tradition hydraulique continue.

L'ingénierie romaine qui coule encore

Le bassin multicouches utilisait l'opus caementicium, ce ciment romain indestructible. La construction étagée permettait la décantation et la distribution gravitaire. Cette technique millénaire alimente encore les jets d'eau contemporains, reliant directement l'Empire romain aux promeneurs de 2025.

La légende des amours éternelles

Le blogueur de Mondes Fugaces évoque cette atmosphère unique : "La Fontaine des Amours... dont le paysage enchanteur invite à la rêverie, dont la légende aspire à l'éternité... leur amour durera toute la vie." Les couples bisontins perpétuent discrètement le rituel du vœu amoureux. Une pièce dans l'eau, une prière silencieuse, loin des 10 millions de touristes annuels de Trevi.

Vivre la fontaine comme un Bisontin

Les promenades dominicales rythment la vie du square. Familles locales et joggers matinaux se croisent dans la quiétude. Le coucher de soleil transforme les reflets en or liquide. L'aube offre un silence total, rare en centre-ville.

Le circuit des fontaines guidé coûte 8 €, incluant une dizaine de sites patrimoniaux. La Citadelle Vauban, distante de 1 kilomètre, complète la visite pour 12 €. Le Musée du Temps révèle l'artisanat horloger franc-comtois, spécialité locale depuis des siècles.

Les codes locaux prévalent : pas de bain dans les fontaines classées MH, silence contemplatif respecté. Les photographes Instagram utilisent les hashtags #FontaineSaintAmour #BesanconPatrimoine, totalisant 5 000 publications en 2024.

Le circuit secret des fontaines bisontines

La Fontaine des Carmes, doyenne classée MH depuis 1924, bénéficie d'une restauration en 2025. Vingt fontaines publiques historiques parsèment Besançon, de la Fontaine du Doubs (1747-1751) à la Fontaine aux Poissons. Cette densité patrimoniale hydraulique classe Besançon parmi les capitales françaises des fontaines urbaines.

Mont d'or et comté : le goûter au square

La gastronomie franc-comtoise accompagne parfaitement la découverte. Le mont d'or local, fromage crémeux d'hiver, se déguste avec la saucisse de Morteau. Le marché de la Plaine, mercredi et samedi, propose les spécialités du terroir doubs. Un repas moyen coûte 25 €, soit 40 % de moins qu'en région parisienne.

Trevi sans les 10 millions de touristes

Le contraste saisit immédiatement. Rome accueille 10 millions de visiteurs annuels à sa fontaine baroque. Besançon reçoit environ 50 000 personnes au square Saint-Amour, estimation basée sur les 500 000 visiteurs du centre-ville. Entrée gratuite contre files d'attente romaines interminables.

Le TGV Paris-Besançon coûte entre 50 et 120 € pour 1h50 de trajet. Les hébergements bisontins affichent des tarifs 15 % inférieurs à la moyenne nationale. L'authenticité remplace le spectacle touristique, les vestiges romains accessibles supplantent les souterrains payants.

Un couple âgé s'assoit sur le banc de pierre, main dans la main. Diane veille silencieuse, gardienne de cette éternité palpable. Ici, l'amour n'est pas marketing mais mémoire inscrite dans 2000 ans d'histoire qui coule.

Vos questions sur Fontaine des Amours, Doubs, résurgence répondues

Quelle est la meilleure période pour visiter sans foule ?

Mai-juin et septembre offrent les conditions optimales. Les fleurs printanières et automnales parent le square de couleurs vives. Les températures oscillent entre 15 et 20°C, idéales pour la promenade. Évitez juillet-août, période d'afflux touristique vers la Citadelle avec 50 % de visiteurs supplémentaires. Les horaires matinaux (7h-9h) garantissent la solitude et la lumière dorée. Le coucher de soleil (19h-20h30) offre les plus beaux reflets dans le bassin.

Peut-on vraiment faire des vœux comme à Trevi ?

La tradition locale existe bien, transmise oralement de génération en génération. Les couples jettent discrètement une pièce dans le bassin en formulant un vœu silencieux. Les services municipaux récupèrent régulièrement les pièces pour l'entretien de la fontaine. Attention : aucun bain ni immersion autorisés, le site étant classé Monument Historique. Les contrevenants s'exposent à une amende.

Comment la fontaine se compare-t-elle aux sites italiens ?

Les similitudes frappent : sculpture néo-classique/baroque, jets d'eau, légende amoureuse, patrimoine historique stratifié. Besançon présente des avantages décisifs : zéro foule (50 000 contre 10 millions de visiteurs annuels), gratuité totale, vestiges romains directement accessibles contre souterrains payants à Rome. La gastronomie locale authentique remplace les pièges à touristes italiens, les prix restent 40 % inférieurs.

Le soir tombe sur le square Saint-Amour. L'eau de Diane scintille une dernière fois avant la nuit, mêlant dans un même reflet le bronze de 1683, la pierre du XIXe et la mémoire liquide de Rome. Ici, les amours ne sont pas légende mais inscription millénaire dans la pierre qui coule.