Le Gers abrite cette bastide de 1426 habitants détruite deux fois au XIVe siècle

Au cœur des coteaux gascons, une bastide défie l'histoire depuis 700 ans. Plaisance-du-Gers cache un secret architectural unique : c'est l'une des rares bastides de Gascogne organisée autour de deux places à arcades. Cette singularité témoigne d'un passé tumultueux où la mort et la renaissance ont façonné une ville hors du commun.

Imaginez une cité médiévale détruite par la peste, puis ressuscitée trois siècles plus tard avec une ambition nouvelle. C'est exactement ce qui s'est produit ici, dans ce méandre de l'Arros où 1 426 habitants perpétuent aujourd'hui l'héritage d'une double fondation exceptionnelle.

Cette bastide contractée révèle aux initiés les secrets d'un urbanisme gascon authentique, loin des circuits touristiques standardisés. Ses arcades centenaires et ses maisons de maître du XIXe siècle racontent une épopée urbaine unique dans le Sud-Ouest français.

Le mystère de la bastide ressuscitée

Une fondation dramatique en 1322

La première "grande bastide" vit le jour en 1322, dans ce contexte troublé du début de la guerre de Cent Ans. Les seigneurs gascons multipliaient alors les créations urbaines pour contrôler leur territoire face aux ambitions anglaises et françaises.

La disparition totale au XIVe siècle

Mais cette première fondation connut un destin tragique : elle disparut entièrement lors des épidémies de peste de la seconde moitié du XIVe siècle. Seuls subsistent aujourd'hui les traces de son parcellaire dans la zone des jardins actuels, témoins silencieux de cette cité engloutie par l'histoire.

Une renaissance architecturale unique en Gascogne

La "Bastide Contractée" de la fin du XIVe siècle

Entre la fin du XIVe et le début du XVe siècle naît la seconde fondation : la "Bastide Contractée". Plus modeste avec seulement 8 îlots de maisons, elle ne couvre qu'un quart de la superficie de sa devancière, mais fixe définitivement le nom de PLAISANCE sur ce site privilégié.

L'expansion remarquable du XIXe siècle

Le véritable miracle architectural intervient au XIXe siècle. Entre l'An XI et 1883, Plaisance connaît une extension urbaine spectaculaire qui lui donne sa configuration actuelle : deux places à arcades reliées par un tissu urbain cohérent. Cette transformation fait de la commune l'une des très rares bastides gasconnes à double centralité urbaine, phénomène exceptionnel dans le patrimoine régional.

Vidéo du jour

L'authenticité préservée qui défie le temps

Un patrimoine architectural remarquable

Quinze belles maisons de maître témoignent de la prospérité retrouvée au XIXe siècle. Ces demeures bourgeoises s'articulent harmonieusement avec les arcades médiévales, créant un ensemble architectural d'une rare cohérence. L'urbanisme "néo-médiéval" respecte scrupuleusement l'organisation bastidaire originelle tout en s'adaptant aux contraintes modernes.

Une démographie rurale authentique

Avec sa densité de 104 habitants au km², Plaisance conserve son caractère rural authentique. La structure démographique reflète les réalités des campagnes gasconnes : 24,9% de la population a plus de 75 ans, contre seulement 9% de moins de 14 ans. Cette situation, loin d'être un handicap, préserve l'authenticité d'un mode de vie traditionnel gascon menacé ailleurs par la standardisation urbaine.

L'expérience exclusive qui vous attend

La découverte des deux places à embans

La place Vieille, cœur du noyau médiéval, dialogue avec la place Nouvelle, centre du faubourg du XIXe siècle. Cette configuration unique en Gascogne gersoise offre une leçon d'urbanisme vivante, où chaque époque a laissé sa marque sans détruire l'héritage précédent.

Un patrimoine menacé à préserver

Les élus locaux mènent aujourd'hui un combat pour sauvegarder cet ensemble exceptionnel. Votre visite contribue à cette démarche de préservation d'un témoignage unique de l'évolution urbaine gasconne sur plus de trois siècles.

Note de terrain : "En arpentant ces arcades au petit matin, quand la lumière dorée caresse les pierres gasconnes, on saisit l'émotion de ces bourgeois du XIXe siècle qui ont su ressusciter l'âme médiévale de leur cité."

Accès et conseils d'initié pour septembre 2024

Conditions optimales de visite

En cette fin d'été, Plaisance révèle tous ses charmes. Les températures clémentes permettent de déambuler longuement sous les arcades et d'apprécier les détails architecturaux sans la cohue estivale. Les marchés locaux regorgent des produits de l'automne gascon.

Approche respectueuse du patrimoine

Cette bastide fragile demande un tourisme respectueux. Évitez les heures de pointe, privilégiez les commerces locaux et respectez la quiétude des habitants. Contrairement aux créations urbaines artificielles, Plaisance vit au rythme authentique de la Gascogne rurale.

Questions pratiques pour votre découverte

Quelle est la meilleure période pour visiter Plaisance ?

Le printemps et l'automne offrent les conditions idéales, avec moins d'affluence et une lumière particulièrement flatteuse pour l'architecture. Les fêtes locales gasconnes ponctuent agréablement ces saisons.

Combien de temps prévoir pour une visite complète ?

Une demi-journée suffit pour apprécier les deux places et le patrimoine architectural. Les passionnés d'urbanisme y consacreront volontiers une journée entière pour décrypter les strates historiques.

Peut-on encore voir les traces de la première bastide ?

Le parcellaire de la "grande bastide" reste perceptible dans la zone des jardins actuels. Un œil exercé distingue facilement ces vestiges cadastraux de la fondation disparue au XIVe siècle.

Quelles spécialités gasconnes découvrir sur place ?

Les commerces locaux proposent les produits traditionnels du Gers : armagnac, foie gras, confits. Les marchés hebdomadaires perpétuent l'âme commerçante de cette bastide-marché séculaire.

Plaisance-du-Gers révèle aux visiteurs avertis l'essence même de l'urbanisme gascon : une capacité unique à renaître de ses cendres en préservant son âme authentique. Cette bastide aux deux vies mérite votre détour avant que la standardisation touristique ne menace cette authenticité préservée depuis sept siècles.