Malbouffe et perte de mémoire : une étude révèle ce que notre alimentation fait à notre cerveau

Sodas, fast-foods, pâtisseries industrielles... On sait qu'abuser de ces aliments ultra-transformés, riches en graisses saturées, sucres raffinés et calories, fait prendre du poids. Mais une étude australienne montre qu'ils dégradent aussi notre mémoire et nos capacités d'apprentissage, et ce bien avant que l'obésité ne s'installe. Des résultats qui donnent une raison supplémentaire de limiter ces produits dans notre alimentation.

Une alimentation "occidentale" qui perturbe la mémoire

Pour étudier spécifiquement les effets du régime alimentaire sur le cerveau, indépendamment du poids, les chercheurs ont nourri de jeunes rats avec un régime occidental typique, riche en graisses saturées et en sucre, pendant quelques jours seulement. Ils ont ensuite évalué leurs performances sur des tests de mémoire hippocampique, impliquée dans la mémorisation et l'apprentissage.

Résultat : malgré l'absence de prise de poids, les rats nourris avec ce régime ont montré de moins bonnes performances de mémoire que ceux ayant reçu une alimentation standard. Leurs capacités étaient altérées sur des tâches de reconnaissance de lieu et de configuration spatiale. En revanche, leurs performances étaient préservées pour la reconnaissance d'objets, qui ne dépend pas de l'hippocampe.

Ce déficit cognitif sélectif et rapide (quelques jours!) après l'introduction d'une alimentation riche révèle sa toxicité directe pour le cerveau, même en l'absence d'obésité.

Des aliments pro-inflammatoires toxiques pour l'hippocampe

Comment expliquer ce lien quasi-immédiat entre malbouffe et baisse des capacités mnésiques ? Une piste explorée par les chercheurs est l'inflammation cérébrale. Ils ont en effet constaté que les rats sous régime occidental présentaient un taux élevé de médiateurs de l'inflammation (TNFα, IL-1β...) dans l'hippocampe, et que ce taux était corrélé au déficit de mémoire.

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Ce résultat est cohérent avec d'autres travaux montrant que les graisses saturées et le sucre ont un effet pro-inflammatoire rapide sur l'organisme. Or on sait que l'inflammation chronique est délétère pour les neurones et les synapses, en particulier dans des zones cérébrales vulnérables comme l'hippocampe, crucial pour la mémoire et très étudié dans les maladies neurodégénératives comme Alzheimer.

D'autres mécanismes pourraient aussi expliquer les effets négatifs rapides de ce type de régime sur le cerveau : stress oxydant, altération de facteurs neurotrophiques comme le BDNF, neuroplastiticité réduite... Des pistes à confirmer par de futures recherches.

D'autres impacts cognitifs d'une alimentation déséquilibrée

Si l'hippocampe et la mémoire semblent particulièrement sensibles aux méfaits des régimes riches, d'autres études montrent que ce type d'alimentation peut aussi affecter d'autres aspects de notre cognition :

  • Chez des adolescents, une alimentation riche en "junk food" est associée à de moins bonnes performances d'apprentissage visuo-spatial et de mémoire à long terme
  • Un régime riche en graisses saturées et sucre chez le rat perturbe l'apprentissage et la mémoire spatiale dans le labyrinthe aquatique de Morris
  • Chez l'homme, un régime hyperlipidique et hyperglucidique de 5 jours suffit à altérer l'attention et la vitesse de traitement de l'information

 

À l'inverse, un régime riche en "bons" lipides (oméga-3, huile d'olive...), en vitamines et antioxydants (fruits, légumes...) est associé à de meilleures performances cognitives à tout âge. Des nutriments spécifiques comme les oméga-3 ou le curcuma stimulent la mémoire via des effets anti-inflammatoires et neurotrophiques.

En pratique : privilégier une alimentation protectrice du cerveau

Ces données renforcent les recommandations nutritionnelles actuelles. Pour préserver notre cerveau de l'inflammation et du déclin cognitif, mieux vaut limiter la consommation d'aliments ultra-transformés riches en graisses saturées, sucres rapides et calories vides. Et privilégier une alimentation riche en fruits et légumes, poissons gras, huile d'olive, noix...

L'activité physique régulière et la stimulation intellectuelle restent aussi de précieux alliés pour entretenir nos neurones à tout âge. Une bonne hygiène de vie globale est la clé d'un cerveau en pleine forme sur le long terme !

Malbouffe et mémoire : les réponses à vos questions

Quels sont les aliments les plus délétères pour la mémoire ?

Les aliments ultra-transformés riches en graisses saturées (viandes grasses, charcuteries, beurre, fromages...), sucres raffinés (sodas, pâtisseries, biscuits...) et calories. À consommer avec grande modération !

Les effets négatifs d'une mauvaise alimentation sur le cerveau sont-ils réversibles ?

Oui, il n'est jamais trop tard pour améliorer son alimentation ! De nombreuses études montrent les bienfaits d'une alimentation saine sur les capacités cognitives, à tout âge. Notamment grâce à la plasticité cérébrale qui permet aux neurones de créer de nouvelles connexions.

Pourquoi l'hippocampe est-il si vulnérable aux effets du régime ?

Probablement en raison de sa forte densité en récepteurs des médiateurs de l'inflammation d'une part, et de son important besoin en facteurs neurotrophiques et en apports nutritionnels de qualité d'autre part. C'est une zone qui se renouvelle beaucoup et qui est donc très sensible à son microenvironnement.

En conclusion, cette étude montre qu'une alimentation déséquilibrée n'est pas seulement une bombe à retardement pour notre tour de taille et notre santé cardiovasculaire. C'est aussi, à très court terme, un danger pour notre cerveau et nos précieuses capacités de mémoire et d'apprentissage. Alors pour conjuguer ligne et neurones alertes, on surveillera son assiette de près !