Burnout : les 2 causes méconnues de ce mal du siècle selon un psychiatre

Le terme "burnout" envahit les conversations. Pourtant, il est souvent utilisé à mauvais escient et confondu avec l'épuisement professionnel. Le Dr Robert Neuburger, psychiatre et psychanalyste renommé, nous éclaire sur les différences fondamentales entre ces concepts. Des nuances déterminantes pour poser le bon diagnostic et trouver les solutions adéquates.

Le burnout, un concept né chez les toxicomanes

Aussi surprenant que cela puisse paraître, le terme "burnout" vient à l'origine du monde des toxicomanes américains. Ils l'utilisaient pour décrire l'état de celui sur qui plus aucune drogue n'avait d'effet. Un psychiatre, Freudenberger, a ensuite repris ce mot dans un tout autre contexte, celui des soignants.

Il l'a appliqué aux bénévoles qui s'occupaient de toxicomanes dans son service. Pleins de bonne volonté au départ, beaucoup se retrouvaient en difficulté face à la dure réalité de l'addiction. Freudenberger a alors utilisé la métaphore du burnout, de l'incendie intérieur, pour décrire leur état.

La rupture brutale, symptôme clé du burnout

Pour Freudenberger, le signe principal du burnout était un désinvestissement brutal de l'objectif initial. Face à l'échec répété malgré un engagement croissant, la personne "craquait". Elle se mettait alors à considérer les patients comme des objets et non plus des personnes.

Un phénomène fréquent à l'hôpital, où un soignant en burnout appellera un patient "l'appendicite du 12" plutôt que par son nom. S'y ajoutent souvent une auto-dévaluation et une grande souffrance, l'identité d'aidant étant mise à mal.

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Burnout et épuisement professionnel, des causes différentes

Au fil du temps et de sa diffusion, notamment en psychiatrie, le concept de burnout a fini par se dévoyer. Aujourd'hui, il est souvent confondu avec l'épuisement professionnel. Pourtant, leurs causes sont très différentes :

  • Le burnout concerne essentiellement les aidants, ceux qui ont "échoué dans leur besoin d'aider" malgré un fort investissement initial
  • L'épuisement professionnel est lié au contexte, comme une dévalorisation ou une "déshumanisation" imposée dans le cadre du travail

Dans le premier cas, le sujet est acteur de son engagement puis de son effondrement. Dans le second, il est victime de son environnement professionnel. Une nuance capitale pour la prise en charge.

Burnout parental, maternel... Un concept galvaudé ?

Aujourd'hui, on parle de burnout dans tous les domaines : parental, maternel, étudiant... Pour le Dr Neuburger, c'est regrettable. Quand un concept devient fourre-tout, il perd de sa pertinence et de son utilité.

Le risque est alors de masquer les vraies causes d'un mal-être, qu'elles soient personnelles, familiales ou sociales. Et donc de passer à côté des réponses adaptées.

Traiter le burnout, restaurer la dignité

En cas de "vrai" burnout lié à un échec dans la relation d'aide, une psychothérapie est souvent indiquée. Il s'agit d'explorer ce qui a poussé la personne à s'engager ainsi, souvent en lien avec son histoire personnelle.

En revanche, en cas d'épuisement professionnel, médicaliser la souffrance est une erreur. Diagnostiquer une dépression et prescrire des antidépresseurs ne résout rien. Car le problème est la blessure narcissique, l'atteinte à la dignité de la personne.

La clé est alors de l'autoriser à exprimer sa colère, voire sa rage. Un sentiment à la fois normal et sain dans ce contexte, mais souvent réprimé socialement. En parallèle, un travail sur ses compétences et sa valeur aide à restaurer l'estime de soi mise à mal.

FAQ sur le burnout et l'épuisement professionnel

Peut-on faire un burnout sans être un "aidant" ?

Au sens strict, non. Le burnout est lié à l'engagement déçu dans une relation d'aide. Mais le terme est aujourd'hui utilisé dans un sens plus large, souvent à tort, pour décrire un épuisement lié au travail en général.

Quels sont les signes d'un burnout ?

Les symptômes clés sont le désinvestissement brutal de l'objectif initial, la déshumanisation de la relation (le patient devient un "objet"), une forte auto-dévaluation et un effondrement de l'estime de soi.

Comment se soigner d'un épuisement professionnel ?

En évitant la médicalisation à outrance, en osant exprimer sa souffrance et sa colère, et en travaillant à restaurer son sentiment de compétence et de valeur, son estime de soi mise à mal par le contexte professionnel.

Pourquoi la distinction burnout/épuisement est-elle importante ?

Car l'origine du mal-être est différente : engagement personnel déçu vs contexte professionnel délétère. Confondre les deux, c'est risquer de passer à côté de la réponse adaptée.