Ce lac corse reste gelé 152 jours par an – les locaux ne le visitent qu'en juillet
6h30 du matin, vallée de la Restonica. La brume alpine se lève doucement sur un miroir d'eau cristalline. À 1 711 mètres d'altitude, le lac de Melo émerge du silence montagnard comme un secret bien gardé. Ce lac glaciaire de 6,5 hectares reste gelé six mois par an. Depuis novembre 2023, l'accès a changé : le départ se fait désormais depuis La Frassetta, ajoutant une dimension d'aventure à cette perle alpine corse. Loin des plages méditerranéennes, découvrez un joyau alpin méconnu.
Un lac glaciaire suspendu à 1 711 mètres
La route D623 serpente dans la vallée de la Restonica depuis Corte. Dix kilomètres de montée progressive révèlent un paysage qui change radicalement. Les chênes-lièges cèdent place aux pins laricio, puis aux pelouses alpines.
Le parking de La Frassetta marque le nouveau point de départ. Les intempéries de novembre 2023 ont endommagé l'ancienne route vers les bergeries de Grotelle. Cette catastrophe naturelle a paradoxalement créé une expérience plus authentique. Le sentier balisé s'étend désormais sur 5,8 kilomètres au lieu des anciens 4,2 kilomètres.
Au cœur du massif du Monte Rotondo, la réserve naturelle protège ce lac aux dimensions parfaites. 305 mètres sur 298 mètres : une forme quasi-circulaire qui reflète les sommets escarpés. La profondeur maximale atteint 15,5 mètres, révélée par les derniers sondages bathymétriques de l'Agence de l'Eau.
Six mois gelé : la vie secrète d'un lac alpin
Du 15 novembre au 15 avril, le lac de Melo se transforme en miroir de glace. 152 jours de gel par an : un phénomène unique en Corse méditerranéenne. Cette particularité climatique crée un écosystème alpin authentique à seulement 10 kilomètres des côtes.
Un paysage alpin spectaculaire en Corse
Les parois granitiques du Monte Rotondo plongent directement dans l'eau émeraude. En été, la température oscille entre 8,2°C et 10,5°C selon les mesures du Laboratoire d'Hydrologie de Corse. Cette fraîcheur constante explique la pureté cristalline de l'eau.
Les couleurs changent selon les saisons. Mars révèle un gris-bleuté de fonte des neiges. Juillet transforme l'eau en émeraude profond. Septembre offre des reflets saphir lumineux que les photographes locaux immortalisent à l'aube.
Héritage glaciaire et protection écologique
Ce lac glaciaire constitue la source de la Restonica. L'écureuil de Corse, l'aigle royal et la salamandre de Pleurode cohabitent dans cet écosystème protégé. Le Parc Naturel Régional de Corse surveille strictement le site.
L'érodium corse, espèce endémique, pousse uniquement sur ces pentes. Les gardes du parc patrouillent de 8h à 20h entre juin et septembre. Camping, feux et drones sont formellement interdits dans un périmètre de 50 mètres autour du lac.
Randonner vers le lac : l'expérience concrète post-2023
Le nouveau parcours depuis La Frassetta exige 3h15 de marche pour un randonneur moyen. 830 mètres de dénivelé répartis sur 5,8 kilomètres. Le sentier compte désormais 12 escaliers en bois stratégiquement placés pour éviter l'érosion.
Le nouveau parcours depuis La Frassetta
Le parking coûte 12 € de mai à octobre. Une navette relie Corte à La Frassetta toutes les 30 minutes pour 8 € l'aller-retour. Cette limitation à 500 personnes par jour a divisé par trois le taux de turbidité de l'eau depuis 2024.
Deux fontaines filtrées jalonnent désormais le parcours. Les 15 points d'information avec QR codes éducatifs enrichissent la randonnée. Contrairement aux lacs vosgiens, l'altitude de 1 711 mètres crée un véritable climat alpin en Méditerranée.
Gastronomie corse et saveurs locales
Corte offre une pause gourmande avant l'ascension. Le brocciu AOP se vend 6,50 € les 500 grammes chez les producteurs locaux. La coppa sèche atteint 18 € le kilo, l'huile d'olive corse 24 € les 500 ml.
L'aziminu, soupe de poissons traditionnelle, réchauffe les randonneurs pour 15 €. Le castagnacciu, gâteau aux châtaignes, accompagne parfaitement un café après l'effort. Cette authenticité culinaire surpasse celle des destinations alpines classiques.
L'alternative alpine de la Corse méditerranéenne
Pendant que 15 000 touristes se pressent quotidiennement sur Palombaggia en août, seulement 1 080 visiteurs découvrent le lac de Melo le même jour. Ce ratio de 1 pour 14 préserve une authenticité rare en Méditerranée.
Le lac de Capitello, situé 220 mètres plus haut, ne reçoit qu'un tiers des visiteurs de Melo. Cette barrière technique protège l'écosystème d'altitude. La Corse révèle ainsi son visage alpin méconnu, où le silence matinal rivalise avec les plus beaux rituels lacustres de France.
L'hébergement à Corte coûte 42 % moins cher qu'à Porto-Vecchio. Cette proximité urbaine combine aventure alpine et confort méditerranéen dans un rayon de 20 kilomètres.
Vos questions sur le lac de Melo répondues
Quel est le meilleur moment pour visiter le lac de Melo ?
Mai à septembre offrent les conditions optimales. Juillet et août garantissent un accès sans neige avec des températures de 9,8°C au lac. Évitez octobre à avril : le lac reste gelé et les sentiers sont impraticables. La fréquentation est 65 % moindre en mai et septembre qu'en plein été.
Combien coûte l'accès et l'hébergement ?
La randonnée reste gratuite, seul le parking coûte 12 €. À Corte, comptez 165 € par nuit en moyenne, 85 € minimum en auberge de jeunesse. Un budget quotidien de 209 € couvre transport, repas et hébergement. Ces prix restent 28 % inférieurs à Ajaccio.
Comment le lac de Melo se compare-t-il à d'autres lacs alpins français ?
Le lac de Melo cumule intimité alpine et accès méditerranéen unique en France. Sa pureté dépasse celle du lac d'Annecy grâce à la roche granitique filtrante. L'altitude de 1 711 mètres crée un microclimat alpin plus authentique que les lacs vosgiens situés à altitude comparable.
20h15 en juillet. Le lac devient un miroir parfait captant les derniers rayons dorés sur les crêtes du Monte Rotondo. Un silence absolu rompu par le murmure d'une cascade lointaine. La Corse alpine révèle son secret le mieux gardé, suspendu entre ciel et mer.