Pourquoi cette plage brésilienne est surnommée "le triangle de la mort"

Le long des côtes brésiliennes s'étend une bande de sable doré bordée de palmiers et d'eaux cristallines qui attire immanquablement les touristes du monde entier. Mais derrière cette façade paradisiaque se cache une réalité bien plus sombre. Cette étendue de sable fin est tristement célèbre pour être l'une des zones côtières les plus dangereuses au monde pour les baigneurs. En deux décennies, plus de 50 attaques de requins y ont été recensées, avec un taux de mortalité particulièrement élevé.
Située dans la région métropolitaine de Recife, au nord-est du Brésil, Boa Viagem Beach offre un panorama à couper le souffle qui contraste violemment avec la menace invisible qui rôde sous la surface turquoise de l'océan.
Un paradis aux dents acérées
S'étendant sur près de huit kilomètres, Boa Viagem Beach présente toutes les caractéristiques du paradis tropical : sable blanc poudreux, palmiers ondulant sous la brise marine et eau d'un bleu limpide. Pourtant, cette plage urbaine très fréquentée détient un triste record - celui de l'une des plus fortes concentrations d'attaques de requins au monde.
Les chiffres sont alarmants : depuis le début des années 1990, plus de 50 attaques y ont été enregistrées, dont une vingtaine mortelles. Ce qui fait de cette destination brésilienne l'un des points chauds mondiaux des incidents impliquant des squales. La baignade y est désormais strictement interdite, bien que la plage elle-même reste accessible et populaire pour d'autres activités.
Malgré les panneaux d'avertissement disséminés le long de la côte, certains visiteurs imprudents succombent encore à la tentation de ces eaux azur, parfois avec des conséquences tragiques. Comme cette côte bretonne qui abrite une réserve naturelle exceptionnelle, Boa Viagem illustre parfaitement la cohabitation parfois complexe entre l'homme et la nature sauvage.
Les raisons d'une concentration mortelle
Comment expliquer cette concentration inhabituelle de prédateurs marins ? Les experts avancent plusieurs facteurs. D'abord, la configuration géographique des lieux : un plateau continental étroit qui plonge rapidement vers les profondeurs, créant un chenal naturel où les requins peuvent s'approcher très près du rivage.
La construction du port de Suape, à une quarantaine de kilomètres au sud, aurait également modifié les courants marins et les habitudes migratoires des requins. Sans oublier les rejets d'eaux usées qui se déversent dans l'océan à proximité, attirant de nombreux poissons et, par conséquent, leurs prédateurs.
Les espèces impliquées sont principalement des requins-bouledogues et requins-tigres, particulièrement dangereux car territoriaux et agressifs. Contrairement à d'autres destinations comme ce canyon corse aux eaux cristallines, la menace ici n'est pas visible mais constante.
S'adapter à une menace invisible
Face à cette situation exceptionnelle, les autorités locales ont dû s'adapter. Des filets de protection ont été installés à certains endroits, bien que leur efficacité soit limitée face à la puissance des courants. Des patrouilles régulières de maîtres-nageurs sillonnent la plage pour dissuader les baigneurs téméraires.
Les habitants de Recife ont développé une relation particulière avec leur plage. Si la baignade est proscrite, les activités de plage restent populaires : beach-volley, bain de soleil, promenade ou restauration en bord de mer. Certains locaux se contentent de se mouiller jusqu'aux chevilles, respectant scrupuleusement la limite imposée.
Pour les touristes en quête de baignade, des alternatives existent à proximité. Les piscines naturelles de Porto de Galinhas, situées à une heure au sud, offrent un havre de paix protégé des requins par une barrière de corail. Une situation qui rappelle ces destinations où les risques naturels peuvent compromettre des vacances idylliques.
Boa Viagem Beach reste ainsi un paradoxe fascinant : une plage magnifique où le sable fin s'étire à perte de vue, bordée d'une promenade animée et d'immeubles modernes, mais où l'océan, bien que tentant, demeure un territoire interdit.