Dans ce pub de Bourg-en-Bresse, 50 personnes chantent chaque mercredi depuis 15 ans

Marilyne pousse la porte du MacLaren's Pub à 20h25, ce mercredi soir d'octobre. À 70 ans, elle connaît le rituel par cœur. L'écran karaoké s'illumine dans cette cave voûtée de Bourg-en-Bresse, rue Edgar Quinet.

Autour d'elle, trois générations s'installent sans se mélanger, puis se retrouvent derrière le même micro. Dans cette ville de 41 000 habitants, le karaoké n'est pas un spectacle. C'est un rendez-vous hebdomadaire qui transcende les âges depuis 15 ans.

Le pub que les touristes du monastère de Brou ignorent

À 200 mètres du monument gothique flamboyant, Catherine et Damien accueillent leurs habitués depuis 2019. Murs de pierre brute, tables en bois usé, lumière tamisée. Rien d'instagrammable.

L'établissement ouvre mercredi, jeudi, vendredi et samedi de 17h à 1h. Happy hour jusqu'à 19h. Quinze bières pression, whiskys, rhums. Le karaoké démarre chaque mercredi à 20h30 précises.

Fréquentation initiale en 2019 : 12 personnes. Aujourd'hui : 50 à 80 participants par soirée. Âge moyen impossible à calculer : de 18 à 75 ans dans la même salle. Aucune publicité, aucun avis TripAdvisor. Le bouche-à-oreille suffit.

Ce qui transforme des voix imparfaites en moments parfaits

L'absence totale de jugement

Pas de concours, pas de prix, pas d'applaudimètre électronique. « On vient pour le plaisir de chanter, sans prétention, dans une ambiance détendue », explique Marilyne, habituée depuis 5 ans.

Les fausses notes déclenchent des encouragements, jamais des moqueries. Brel côtoie Jul, Piaf croise Dua Lipa. Chacun choisit son répertoire, personne ne commente les choix.

Le rituel des inconnus qui deviennent amis

Sylvain, 58 ans, réserve ses mercredis depuis 3 ans. Arrivée à 20h30, commande d'une bière locale à 5 €, inscription sur la liste manuscrite. Temps d'attente moyen : 1h30.

Durée moyenne d'une chanson : 3 minutes 30. Contrairement aux vignobles bourguignons voisins, ici l'authenticité se vit sans guide touristique.

L'expérience que même les Bressans redécouvrent

Les mercredis intergénérationnels

20h30 : les retraités arrivent en premier. 21h15 : les trentenaires après le dîner familial. 22h : les étudiants après les cours.

Vidéo du jour

L'ambiance culmine vers 23h. Trois générations mêlées, aucune ségrégation par âge. « Ma petite-fille m'accompagne parfois. Depuis, elle vient même sans moi », sourit Marilyne.

Le karaoké comme pont social : les seniors découvrent Aya Nakamura, les jeunes redécouvrent Sardou comme dans les villages patrimoniaux de Bourgogne.

Le menu bressan que les guides ignorent

Gougères bressanes à 5 €, quenelles maison à 12 €, tarte aux pralines à 6 €. Poulet de Bresse AOC le samedi à 18 €.

Bières locales : Blanche de Bresse, Ambrée du Bugey entre 4,50 et 6 €. Comme les ateliers bretons valorisant le local, Catherine mise sur les produits du terroir.

Ce que les grandes villes ne comprendront jamais

À Paris, karaoké = box privée, 25 €/heure, réservation obligatoire. À Lyon, bars spécialisés, public jeune, ambiance compétitive.

À Bourg-en-Bresse : salle commune, entrée gratuite, participation libre. « Les Parisiens de passage cherchent l'authenticité dans les musées. L'authenticité, elle est ici, un mercredi soir à 22h », résume Catherine.

41 000 habitants, zéro prétention, authenticité totale. Comme les traditions mentonnaises, cette expérience se transmet sans marketing.

Vos questions sur ce pub de Bourg-en-Bresse répondues

Faut-il réserver pour participer au karaoké ?

Non. Arrivée libre, inscription sur place à partir de 20h30. Les habitués conseillent d'arriver avant 21h pour limiter l'attente. Pas de frais d'entrée, consommation obligatoire minimum 4 €.

Quel est le profil typique des participants ?

Il n'existe pas. De 18 à 75 ans, étudiants comme retraités, timides comme extravertis. « C'est précisément l'absence de profil typique qui définit le lieu », note un sociologue local.

Comment se compare cette expérience aux autres villes ?

Lyon à 70 km : karaoké bars commerciaux, prix doublés. Genève à 110 km : boxes privées, public international. Bourg-en-Bresse : authenticité locale, prix doux, zéro touristes.

Minuit. Marilyne range son manteau. Sur scène, un étudiant de 22 ans massacre « La vie en rose ». Les habitués applaudissent comme s'il livrait la performance du siècle. Dehors, le monastère de Brou dort sous les étoiles. Dedans, Bourg-en-Bresse vit sa vraie vie.