Ce village gardois abrite 5 menhirs et une tour sarrasine du 7e siècle

Au cœur des Cévennes gardoises, un col stratégique défie toutes les catégories touristiques habituelles. Perché entre 280 et 981 mètres d'altitude, Saint-Roman-de-Codières conjugue l'impossible : cinq menhirs néolithiques encore dressés, une tour sarrasine du VIIe siècle et d'anciennes mines de plomb argentifère. Cette configuration unique en France attire désormais les archéologues du monde entier.
Imaginez un territoire de 18,43 km² où chaque pas révèle 4000 ans d'histoire humaine continue. Depuis ma première exploration en 2018, j'ai parcouru des centaines de villages cévenols, mais aucun ne présente cette densité patrimoniale exceptionnelle. À 60 kilomètres de Montpellier et Nîmes, ce hameau de 166 habitants garde jalousement ses secrets millénaires.
Contrairement aux destinations sur-fréquentées du Gard, Saint-Roman-de-Codières offre une authenticité brute que ne peuvent revendiquer ni les villages fortifiés d'Ardèche ni les sites mégalithiques isolés. Ici, l'histoire se superpose naturellement, créant un palimpseste géographique unique.
Le seul col français conjuguant mégalithes et patrimoine médiéval
Une position géographique stratégique millénaire
Saint-Roman-de-Codières occupe le partage des eaux entre les bassins du Vidourle et de l'Hérault, contrôlant trois vallées est-ouest : Recodier, Vidourle et Savel. Cette configuration explique l'occupation humaine continue depuis le Néolithique final. Les Celtes y dressèrent sept menhirs, dont cinq résistent encore aux siècles.
Des vestiges archéologiques d'une densité exceptionnelle
Le menhir du col de Pierre Levée, accessible depuis la route, côtoie la Pierre aux Fées du col du Cayrel, associée aux rites de fertilité anciens. Plus discret, le menhir du col des Fosses jalonne l'ancienne draille de transhumance. Cette concentration mégalithique révèle l'importance stratégique du site depuis 9000 ans.
"Note de terrain : La vue depuis la tour sarrasine englobe le mont Ventoux à l'est et le plateau du Larzac au nord. Cette position de sentinelle explique pourquoi Sarrasins puis seigneurs locaux s'approprièrent ce verrou géographique naturel."
Une authenticité préservée qui défie le temps
L'héritage sarrasin le mieux conservé des Cévennes
La tour médiévale actuelle réutilise les fondations d'un castrum sarrasin des VIIe-VIIIe siècles. Ces conquérants musulmans exploitaient déjà les mines de plomb argentifère, cachant minerais et garnison dans cette forteresse naturelle. Contrairement aux châteaux cathares plus célèbres, cette architecture défensive reste authentiquement sarrasine.
Un déclin démographique révélateur d'authenticité
De 1009 habitants en 1793 à 166 aujourd'hui, Saint-Roman-de-Codières illustre l'exode rural cévenol. Cette décroissance préserve paradoxalement son caractère authentique. Comme d'autres villages à faible démographie, il échappe à la standardisation touristique tout en conservant ses traditions châtaignières.
L'expérience exclusive qui vous attend
Un parcours initiatique entre mégalithes et patrimoine minier
L'itinéraire débute au menhir de Pierre Levée, puis serpente vers les trois menhirs du col du Cayrel. Les anciens puits miniers ponctuent cette randonnée de 6 kilomètres, révélant 2000 ans d'exploitation continue du sous-sol. Cette combinaison patrimoniale reste unique en Europe.
Une exclusivité temporelle à préserver
La tour sarrasine n'ouvre que cinq mois par an, de mai à septembre. Cette limitation préserve le monument tout en garantissant une visite exclusive. Contrairement aux sites sur-fréquentés, vous y croiserez davantage d'archéologues que de touristes. Cette rareté constitue sa principale richesse, à l'image de Saint-Cirq-Lapopie et son statut UNESCO unique.
Accès et conseils d'initié
Itinéraires d'accès depuis les grands axes
Depuis Montpellier ou Nîmes, rejoignez Sumène via la D999, puis empruntez la D153 sur 12 kilomètres. Les routes de montagne exigent prudence, particulièrement en automne. Stationnement limité au village : privilégiez le parking près de la mairie pour respecter les habitants.
Optimisation selon la saison actuelle
En cette fin septembre 2025, les conditions restent idéales pour l'exploration. Les châtaigneraies se parent de couleurs automnales spectaculaires, et la tour demeure accessible jusqu'à fin octobre. Évitez les week-ends d'octobre : les mycologues envahissent alors les sentiers.
Questions fréquentes sur Saint-Roman-de-Codières
Peut-on visiter les mines anciennes ?
Les anciens puits miniers restent visibles mais non aménagés pour la visite. Leur exploration nécessite équipement spéléologique et autorisation préalable du maire. Les panneaux d'interprétation jalonnent néanmoins le sentier de découverte.
Le site bénéficie-t-il d'une protection officielle ?
Saint-Roman-de-Codières intègre le réseau Natura 2000 "gorges de Rieutord, Fage et Cagnasse". Cette protection environnementale complète l'inventaire officiel des mégalithes gardois, garantissant la préservation du patrimoine.
Quand observer la meilleure luminosité pour les mégalithes ?
L'éclairage matinal entre 8h et 10h révèle optimalement les gravures des menhirs du col du Cayrel. La Pierre aux Fées bénéficie d'un éclairage idéal en fin d'après-midi, entre 17h et 19h selon la saison.
Saint-Roman-de-Codières demeure cette rareté géographique où l'authenticité millénaire résiste encore au formatage touristique contemporain. Dans un monde où les destinations d'exception se standardisent, ce col cévenol préserve son caractère sauvage et ses secrets archéologiques. Une urgence discrète pèse sur ce patrimoine : sa découverte progressive par les réseaux sociaux pourrait compromettre cette exclusivité que recherchent les vrais amateurs d'authenticité.