Ce village de 712 habitants sur l'île de Ré où les baleines s'échouaient

Au bout de l'île de Ré, là où l'Atlantique dessine ses derniers caprices sur le sable, un village de 712 habitants garde le souvenir des géants des mers. Saint-Clément-des-Baleines ne doit pas son nom au hasard : ici, pendant des siècles, les baleines venaient s'échouer massivement sur les bancs de sable du nord-ouest de l'île, offrant aux habitants une manne providentielle d'huile et de fanons.
J'ai découvert ce bout du monde rétais par une matinée d'automne, quand la brume océanique révèle lentement la silhouette du phare des Baleines. Cette commune, détachée d'Ars-en-Ré en 1874, concentre en 6,8 km² une densité de 105 habitants au kilomètre carré, soit l'une des plus faibles de l'île.
Contrairement aux villages touristiques de La Rochelle avec ses monuments emblématiques, Saint-Clément-des-Baleines cultive une authenticité maritime qui résiste aux flux estivaux. Vous découvrirez ici l'essence même de l'île de Ré, loin des foules de Saint-Martin-de-Ré.
Le secret maritime qui façonna l'identité du village
Les échouages légendaires de cétacés
Du 16ème au 19ème siècle, les migrations de baleines franches et de cachalots provoquaient des échouages spectaculaires sur les hauts-fonds sableux. Ces événements naturels transformaient temporairement les habitants en baleiniers de fortune, récoltant l'huile précieuse et les fanons pour l'industrie textile parisienne.
Une toponymie unique en France
Aucun autre village français ne porte cette référence directe aux cétacés dans son nom officiel. Les archives municipales conservent des témoignages de ces échouages massifs, certains impliquant jusqu'à vingt baleines simultanément. Cette spécificité historique distingue Saint-Clément-des-Baleines de tous les autres ports baleiniers français.
Une authenticité préservée qui défie le temps
La dispersion géographique protectrice
Le village s'organise autour de cinq hameaux dispersés : Le Gillieux, Le Chabot, La Tricherie, Le Griveau et Le Godinand. Cette configuration atypique, héritée de l'époque des marais salants, préserve naturellement l'habitat de la densification touristique. Chaque hameau conserve son identité architecturale en pierre calcaire locale.
L'évolution démographique révélatrice
Depuis 1968, la population a oscillé entre 480 et 728 habitants, atteignant son pic en 1999. Cette fluctuation de +51,7% entre 1975 et 1999, suivie d'une stabilisation, illustre parfaitement l'équilibre trouvé entre attractivité résidentielle et préservation du caractère villageois. Aujourd'hui, 46,8% des habitants ont plus de 60 ans, témoignant de l'attrait du cadre de vie pour les retraités.
L'expérience exclusive qui vous attend
Le phare des Baleines, sentinelle de l'Atlantique
Ce monument de 57 mètres, unique phare de l'île accessible au public, offre un panorama exceptionnel sur l'océan et les pertuis charentais. Contrairement aux villages à vocation artistique, Saint-Clément mise sur son patrimoine maritime authentique.
Les promenades littorales préservées
L'absence de port, particularité unique parmi les communes rétaises, a préservé le littoral de l'urbanisation portuaire. Vous longerez des dunes sauvages où nichent encore les gravelots et les sternes, dans un environnement comparable aux havres normands aux prés salés.
Note de terrain : En septembre, quand les derniers touristes quittent l'île, Saint-Clément-des-Baleines retrouve son âme de village de pêcheurs. C'est le moment idéal pour comprendre pourquoi cette pointe de l'île fascine encore les naturalistes et les passionnés d'histoire maritime.
Accès et conseils d'initié
La meilleure saison pour découvrir
Privilégiez septembre et octobre : le climat océanique reste doux (températures moyennes de 18°C), les services touristiques fonctionnent encore, et vous éviterez l'afflux estival qui triple la population de fait. Le vent d'ouest, moins violent qu'en hiver, offre des conditions idéales pour les promenades littorales.
Approche respectueuse du territoire
Le vélo demeure le moyen de transport privilégié : 712 habitants permanents partagent leur territoire avec près de 2000 résidents temporaires en été. Respectez les sentiers balisés dans les dunes pour préserver cet écosystème fragile où nichent encore les espèces protégées.
Questions fréquentes sur Saint-Clément-des-Baleines
Peut-on encore observer des échouages de baleines ?
Les échouages massifs historiques ont cessé au début du 20ème siècle. Cependant, des échouages isolés de dauphins ou de petits cétacés surviennent encore occasionnellement, surveillés par le réseau national d'échouage.
Quelle est la différence avec les autres villages de l'île de Ré ?
Saint-Clément-des-Baleines se distingue par l'absence de port, sa dispersion en cinq hameaux, et sa position d'extrême ouest face à l'océan ouvert. Cette configuration unique préserve son authenticité maritime.
Le phare des Baleines est-il accessible toute l'année ?
Le phare est ouvert d'avril à novembre, avec des horaires étendus en été. L'ascension des 257 marches récompense par un panorama unique sur l'archipel charentais et la côte vendéenne par temps clair.
Comment se loger dans ce petit village ?
L'offre se compose principalement de chambres d'hôtes et de locations saisonnières réparties dans les cinq hameaux. Réservez plusieurs mois à l'avance, l'hébergement étant limité par la taille restreinte de la commune.
Saint-Clément-des-Baleines incarne cette France littorale authentique qui résiste encore au formatage touristique, où 712 habitants perpétuent la mémoire des géants des mers dans l'un des cadres naturels les plus préservés de nos côtes atlantiques.