Ce massif des Hautes-Alpes formé il y a 65 millions d'années sur 600 mètres

Niché au cœur d'une vallée encaissée des Hautes-Alpes, un massif géologique formé il y a 65 millions d'années révèle ses secrets les mieux gardés. Le torrent de Crévoux serpente entre des escarpements rocheux où affleure une formation unique : le Flysch à helminthoïdes, témoin exceptionnel des profondeurs abyssales de l'océan ligure du Crétacé supérieur.
Cette découverte m'a frappé lors de ma première randonnée vers le Grand Parpaillon. Face à ces alternances répétitives de bancs gréseux et de lits schisteux, j'ai compris que ce territoire recélait une histoire géologique d'une richesse insoupçonnée, façonnée par quatre phases tectoniques majeures étalées sur 30 millions d'années.
Avec seulement 123 habitants dispersés sur 54 kilomètres carrés entre 1 169 et 2 989 mètres d'altitude, Crévoux offre l'un des derniers sanctuaires alpins authentiques, à seulement 9 kilomètres d'Embrun. Un territoire où la géologie raconte une épopée de 65 millions d'années gravée dans la roche.
Le secret géologique du massif du Parpaillon
Une formation abyssale remontée à la surface
Le massif du Parpaillon constitue un livre ouvert sur l'histoire des Alpes. Cette formation exceptionnelle résulte d'un dépôt sédimentaire réalisé dans les abysses de l'océan ligure, sous la limite de compensation des carbonates, avant d'être portée à près de 3 000 mètres d'altitude par les forces tectoniques alpines.
Quatre phases tectoniques révolutionnaires
La tectogenèse régionale s'est déroulée selon un processus fascinant en quatre étapes distinctes. La phase anté-sénonienne du Turonien, suivie par la phase anté-nummulitique de l'Éocène inférieur, puis les phases anté- et syn-nappes de l'Oligocène ont sculpté ce paysage unique. La mise en place finale de cette nappe de charriage au Miocène explique la configuration actuelle de cette vallée encaissée.
Une composition pétrographique unique dans les Alpes du Sud
Le Flysch à helminthoïdes, star géologique locale
Le massif présente une composition uniformément flyschique d'une rare homogénité. Cette monotone succession de bancs gréseux alternant avec des lits schisteux crée ces escarpements spectaculaires visibles depuis la rive droite du torrent. L'unité supérieure du Pic de Crévoux développe même un faciès gréseux spécifique appelé les Grès de l'Embrunais.
600 mètres d'épaisseur géologique
Les formations argilo-calcaires atteignent jusqu'à 800 mètres d'épaisseur, avec une dominante calcaire à l'est et gréseuse à l'ouest. Cette architecture complexe témoigne des processus de sédimentation et de déformation ayant façonné ce territoire alpin sur des millions d'années, créant un ensemble géologique d'une richesse scientifique exceptionnelle.
Note de terrain : Lors de mes explorations géologiques, j'ai observé que les alluvions glaciaires quaternaires masquent en grande partie la roche en place dans le fond de vallée. Seuls les escarpements révèlent cette architecture flyschique remarquable, particulièrement visible par temps de fin d'été quand la végétation dégage les affleurements rocheux.
L'expérience géologique exclusive qui vous attend
Un laboratoire naturel à ciel ouvert
La vallée de Crévoux offre une lecture géologique d'une clarté saisissante. Les plis franchement couchés vers l'ouest témoignent de la compression est-ouest oligocène, tandis que la schistosité régionale généralisée révèle un début de métamorphisme au niveau de l'anchizone. Cette formation géologique rappelle d'autres merveilles géologiques alpines, mais avec une spécificité unique liée à son origine abyssale.
Un contraste écologique saisissant
La vallée présente une dualité remarquable entre le versant adret rocheux et peu boisé, et le versant ubac tapissé de mélèzières. Cette configuration montagnarde crée des microclimats propices à une biodiversité alpine préservée, loin des circuits touristiques classiques.
Accès et conseils d'initié pour cette pépite géologique
Un territoire accessible mais confidentiel
Depuis Embrun, la route serpente vers cette vallée confidentielle en moins de 15 minutes. L'habitat dispersé en hameaux (Champ Rond, Praveyral, La Chalp) témoigne d'une adaptation séculaire à ce relief contraignant. La densité exceptionnellement faible de 2 habitants au kilomètre carré garantit une authenticité préservée.
Conseils de saison pour l'exploration
Septembre et octobre offrent les conditions idéales pour l'observation géologique. La végétation automnale dégage les affleurements, tandis que la lumière rasante souligne les structures tectoniques. Cette période privilégiée permet d'apprécier pleinement la richesse scientifique de ce territoire exceptionnel.
Vos questions sur ce trésor géologique des Hautes-Alpes
Quelle est la particularité géologique principale du massif du Parpaillon ?
Le massif présente une formation unique de Flysch à helminthoïdes, dépôt abyssal du Crétacé supérieur remonté à près de 3 000 mètres d'altitude par les forces tectoniques alpines, créant un témoignage exceptionnel des profondeurs océaniques anciennes.
Pourquoi cette vallée est-elle si peu peuplée ?
La configuration géologique particulière, avec des versants abrupts sculptés par quatre phases tectoniques majeures, a conditionné un habitat dispersé en hameaux. La densité de 2 habitants au kilomètre carré reflète cette adaptation séculaire au relief contraignant.
Quelle est la meilleure période pour observer les formations rocheuses ?
Septembre et octobre permettent une observation optimale des affleurements géologiques, quand la végétation automnale dégage les structures tectoniques et que la lumière rasante souligne les alternances caractéristiques du flysch.
Cette vallée encaissée du massif du Parpaillon révèle 65 millions d'années d'histoire géologique alpine. Un territoire scientifique exceptionnel qui mérite une reconnaissance à la hauteur de sa richesse patrimoniale, avant que les pressions touristiques ne transforment cette authenticité géologique préservée. L'urgence de sa découverte n'en devient que plus évidente.