Ce massif de 83 km cache 55 km de grottes sous ses plateaux calcaires
Au cœur des Alpes françaises, entre Savoie et Haute-Savoie, se cache un massif calcaire de 83 kilomètres qui dissimule l'un des secrets géologiques les mieux gardés de l'Hexagone. J'ai découvert ce territoire lors d'une randonnée matinale sur le plateau du Margériaz, quand mon guide local m'a révélé cette information stupéfiante : sous nos pieds s'étendait un réseau souterrain de 55 kilomètres de galeries, creusées par l'eau durant des millénaires dans le calcaire jurassique.
Le Massif des Bauges, reconnu Géoparc UNESCO, révèle une géologie d'exception que peu de randonneurs soupçonnent. Ce labyrinthe souterrain, avec son dénivelé record de moins 860 mètres, constitue l'un des plus vastes réseaux karstiques de Savoie. Une prouesse de la nature qui transforme chaque pas sur ces plateaux en une aventure au-dessus d'un monde invisible.
Cette citadelle calcaire de 800 kilomètres carrés offre bien plus qu'une simple randonnée : elle propose une véritable leçon de géologie à ciel ouvert, loin des sentiers battus du Mont-Blanc voisin.
Le phénomène karstique qui fascine les géologues
Des formations géologiques uniques en France
Le plateau calcaire du Margériaz présente d'innombrables dolines, ces dépressions circulaires creusées par la dissolution du calcaire sous l'action des eaux acides. Entre 1000 et 1500 mètres d'altitude, ces formations en chaudron, en baquet ou en entonnoir créent un paysage lunaire saisissant. Le site du Grand Rafou illustre parfaitement ce phénomène : quatre grandes dolines se rejoignent pour former une vaste dépression appelée ouvala, un spectacle géologique rare à cette échelle.
Un réseau souterrain aux dimensions impressionnantes
Sous ces plateaux percés, l'eau a sculpté pendant des millions d'années un dédale de 55 kilomètres de galeries. La cascade de Pissieu, visible depuis les sentiers de randonnée, marque l'une des résurgences les plus spectaculaires de ce système karstique. Ces eaux souterraines, après avoir parcouru le réseau calcaire, ressurgissent en cascades cristallines qui alimentent les torrents des vallées environnantes.
Une authenticité alpine préservée du tourisme de masse
Le GRP Tour des Bauges, une itinérance d'exception
Le sentier de grande randonnée de pays trace un parcours de 83 kilomètres avec 4200 mètres de dénivelé positif, accessible en 3 à 6 jours selon votre rythme. Cette boucle fait le tour complet du Parc naturel régional, traversant forêts de hêtres et de sapins, prairies d'alpages et crêtes panoramiques. L'étape d'Aillon-le-Jeune à La Combe révèle la transition fascinante entre les reliefs préalpins des Hautes-Bauges et l'ambiance plus jurassienne des plateaux de La Féclaz.
Note de terrain : Lors de ma dernière ascension vers le col de la Verne en septembre, j'ai observé dans les lapiaz à crêtes aiguës des formes sculptées par 12000 ans d'érosion. Ces "marches d'escaliers" naturelles, appelées banquettes, témoignent du travail millénaire des glaciers sur le calcaire.
Des trésors naturels méconnus
Le massif abrite des sites exceptionnels comme Les Creusates, une tourbière de 13 mètres de profondeur où la tourbe s'accumule depuis 12000 ans. Cette zone humide héberge une flore spécifiquement adaptée aux environnements acides, contrastant avec les pelouses calcaires des plateaux environnants. Un écosystème fragile qui illustre la richesse biologique préservée de ces montagnes.
L'expérience géologique qui vous attend
Observer les formations karstiques en direct
Chaque randonnée dans les Bauges devient une leçon de géologie pratique. Vous marcherez sur des lapiaz aux arêtes tranchantes, observerez les dolines dans toutes leurs formes, et découvrirez comment l'eau sculpte inlassablement le calcaire. Les plus curieux pourront explorer les entrées de grottes accessibles, témoins visibles de ce monde souterrain de 55 kilomètres.
Des panoramas alpins préservés
Depuis les crêtes du massif, les vues s'étendent sur le lac d'Annecy au nord et le lac du Bourget à l'ouest, avec en toile de fond la chaîne du Mont-Blanc. Cette position privilégiée entre les grands lacs alpins offre des perspectives uniques, particulièrement spectaculaires depuis le plateau du Semnoz qui domine le lac d'Annecy, complétant parfaitement l'expérience géologique des Bauges.
Accès et conseils d'expert pour 2025
Rejoindre le massif depuis les villes-portes
Annecy et Chambéry constituent les portes d'entrée principales vers ce massif calcaire. Plusieurs points de départ permettent d'accéder au GRP, notamment depuis Aillons-Margériaz 1000 pour une immersion directe dans l'ambiance alpine. Les variantes par Lescheraines ou le Châtelard offrent des alternatives moins fréquentées pour découvrir les versants les plus authentiques.
Période optimale et précautions
De mai à octobre, les conditions météorologiques permettent une découverte optimale de ces formations géologiques. En été, l'ombre des forêts de hêtres procure une fraîcheur appréciable lors des journées chaudes. Attention aux fermetures temporaires de certains tronçons comme le Golet de Doucy durant les travaux pastoraux estivaux. Les autres massifs savoyards offrent des alternatives en cas de restriction d'accès.
Questions fréquentes sur le Massif des Bauges
Peut-on visiter les grottes souterraines du massif ?
Certaines entrées de grottes sont accessibles aux randonneurs expérimentés, mais l'exploration du réseau complet de 55 kilomètres nécessite un équipement spéléologique et un accompagnement professionnel. Les résurgences comme la cascade de Pissieu offrent un aperçu spectaculaire de ce monde souterrain sans danger.
Quelle est la meilleure saison pour observer les formations karstiques ?
L'automne révèle particulièrement bien les formes géologiques, quand la végétation se clairsème et dévoile les lapiaz et dolines dans toute leur netteté. Les contrastes de lumière de septembre et octobre subliment ces sculptures naturelles millénaires.
Le GRP est-il accessible aux randonneurs débutants ?
Avec ses 4200 mètres de dénivelé positif répartis sur 83 kilomètres, ce parcours s'adresse aux marcheurs réguliers. Plusieurs sections peuvent être parcourues à la journée pour une première approche, notamment autour du plateau du Margériaz où l'eau sculpte le calcaire de façon similaire aux autres massifs alpins.
Ce massif de 83 kilomètres cache donc bien plus que ses panoramas alpins : un véritable laboratoire géologique à ciel ouvert où 55 kilomètres de grottes témoignent de la patience millénaire de l'eau sur le calcaire. Une destination authentique qui révèle ses secrets aux marcheurs curieux, loin des foules et au plus près des merveilles souterraines de nos montagnes.