Ce cimetière de 7 000 m² face à l'océan cache 4 000 corps oubliés depuis 1806

Ce cimetière de 7 000 m² face à l'océan Indien garde la tombe d'un pirate pendu 58 ans avant sa création. Sur la plage de sable noir de Saint-Paul, La Réunion, les cocotiers bruissent sous l'alizé tandis que les tombes grises racontent une impossible légende. Olivier Levasseur dit La Buse fut exécuté en 1730, mais le cimetière marin n'existe que depuis 1788.

Ce paradoxe historique attire pourtant 49 000 visiteurs par an selon l'INSEE. Ils viennent chercher la croix ornée d'une tête de mort qui marque sa sépulture symbolique. Entre pierre dorée et eau turquoise, l'histoire se mêle au mystère.

Quand la pierre rencontre l'océan Indien - le premier cimetière de l'île

La route longe la baie de Saint-Paul avant de s'arrêter net. D'un côté, les frangipaniers en fleurs parfument l'air tropical. De l'autre, l'océan Indien étend son bleu profond jusqu'à l'horizon. Entre les deux, 7 000 m² de pierre grise racontent 237 ans d'histoire réunionnaise.

Le site fut choisi en 1788 pour accueillir le premier cimetière de l'île. Les colons français avaient débarqué ici même en 1665, faisant de cette baie le berceau du peuplement européen. La plage de sable noir volcanique s'étend sur 150 mètres devant les tombes.

Les températures oscillent entre 18 et 32°C selon la saison. En cette fin novembre 2025, la chaleur douce caresse les allées bordées de végétation tropicale. Cette plage classée 31e mondiale reste préservée du tourisme de masse.

La baie qui vit naître la Réunion française

Ici reposent matelots naufragés, familles créoles et personnages illustres. Le poète Leconte de Lisle y fut transféré en 1977. Les familles Panon et Desbassyns, grandes dynasties de planteurs, occupent leurs carrés historiques. Henri Paulin Panon Desbassayns, mari de la célèbre Madame Desbassayns, y dort son dernier sommeil.

7 000 m² entre plage noire et eau turquoise

L'architecture créole se lit dans chaque croix de pierre. Les inscriptions françaises d'époque témoignent de trois siècles d'histoire coloniale. Le raz de marée de 1883, provoqué par l'éruption du Krakatoa, a marqué le site. Une restauration majeure dans les années 1970 lui rendit sa splendeur.

La tombe impossible du pirate La Buse - une légende gravée dans la pierre

Au cœur du mystère se dresse une croix ornée d'une tête de mort. Elle marque la sépulture symbolique d'Olivier Levasseur, dit La Buse. Ce pirate écuma l'océan Indien au début du XVIIIe siècle avant d'être pendu à Saint-Paul en 1730. Un détail rend cette tombe fascinante : elle ne peut pas exister.

Vidéo du jour

Le cimetière marin fut créé en 1788, soit 58 ans après l'exécution du pirate. Pourtant, cette impossibilité historique n'empêche pas la légende de prospérer. Avant sa pendaison, La Buse jeta un cryptogramme à la foule en criant que celui qui le déchiffrerait trouverait son trésor.

Dans ce fort ghanéen de 1555, l'histoire maritime se mêle déjà aux légendes. À La Réunion, la Route des Pirates relie plusieurs sites liés à cette figure mythique.

Olivier Levasseur - le pirate pendu en 1730

La Buse captura un navire portugais transportant l'équivalent de 100 millions d'euros actuels. Son trésor n'a jamais été retrouvé malgré les tentatives de déchiffrage de son message codé. Ludovic Lauret, guide local, explique : "Écoutez l'histoire du pirate La Buse et découvrez un peu plus le Cimetière Marin grâce à l'application Guide Péi."

Une croix pirate que 40 000 visiteurs cherchent chaque année

Sur Instagram, le hashtag #CimetiereMarinSaintPaul génère plus de 20 000 vues récentes. Sur TikTok, les vidéos de la tombe pirate cumulent des milliers de vues. Les visiteurs photographient cette croix impossible, symbole d'une légende qui défie l'histoire.

Entre matelots naufragés et familles créoles - 237 ans d'histoire gravés

La visite se fait librement et gratuitement, 24 heures sur 24. Les 105 000 habitants de Saint-Paul côtoient quotidiennement ce patrimoine exceptionnel. À 50 mètres, la grotte des Premiers Français complète la découverte historique. Le centre-ville se trouve à seulement 500 mètres.

Derrière le cimetière visible se cache un autre mystère. En 2007, après le cyclone Gamède, des ossements ont été découverts sur la plage. Les fouilles ont révélé les restes de près de 4 000 corps : un cimetière d'esclaves mentionné sur une carte de 1806 mais jamais localisé.

Les panneaux historiques récemment installés en 2025 enrichissent la compréhension du site. Ce village de 380 habitants transforme les visiteurs en témoins de l'histoire créole.

Des tombes qui racontent la Réunion coloniale

Chaque pierre raconte une époque révolue. Les tombes anonymes de matelots côtoient celles des grandes familles. Eugène Dayot repose aux côtés de figures locales moins connues. Cette diversité sociale reflète la société coloniale de l'époque.

Visite gratuite au lever du soleil - la fenêtre secrète

L'aube révèle la beauté du site dans une lumière dorée. Les frangipaniers libèrent leurs parfums dans l'air matinal. Peu de visiteurs troublent cette quiétude. Mai à octobre offrent les meilleures conditions climatiques, avec moins de moustiques et des températures plus clémentes.

Pourquoi les Parisiens fuient le Père-Lachaise pour ce rivage oublié

Le contraste saisit immédiatement. Le Père-Lachaise accueille 3,5 millions de visiteurs par an pour un tarif de 9 à 15 €. Saint-Paul en reçoit 49 000 gratuitement. L'un suffoque sous la foule urbaine, l'autre respire face à l'océan. L'authenticité créole remplace l'agitation parisienne.

À Saint-Paul, les restaurants du centre-ville proposent cari de poisson et rougail saucisse pour 12 à 25 €. L'hébergement varie de 40 € en gîte à 250 € dans les établissements de luxe. Saint-Paul-de-Vence accueille 235 visiteurs par habitant dans un tout autre contexte patrimonial.

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Comment accéder au cimetière depuis l'aéroport Roland Garros ?

Depuis Saint-Denis aéroport, comptez 45 minutes en voiture pour parcourir 40 kilomètres. La location coûte entre 40 et 70 € par jour en 2025. En bus, le trajet dure une heure pour 2 à 4 €. Les coordonnées GPS sont 21.010° S, 55.270° E. Le stationnement est gratuit à proximité.

La Buse est-il vraiment enterré dans ce cimetière ?

Non, Olivier Levasseur fut pendu en 1730 alors que le cimetière date de 1788. Sa vraie sépulture reste inconnue, probablement dans une fosse commune de l'époque. La tombe visible constitue un monument symbolique créé pour honorer la légende locale.

Quelle différence avec les cimetières célèbres de métropole ?

L'accès reste gratuit contre 9 à 15 € au Père-Lachaise. L'affluence est 88 % moindre avec 49 000 visiteurs annuels contre 3,5 millions à Paris. L'environnement tropical unique remplace le cadre urbain. L'authenticité créole préservée contraste avec l'agitation touristique des sites métropolitains.

Le soleil plonge derrière l'horizon indien, teintant la pierre grise de reflets cuivrés. Les cocotiers dessinent leurs ombres longues sur les allées désertes. Au loin, une pirogue rentre au port comme il y a 237 ans. La légende demeure, gravée dans l'impossible.