Ce blog lyonnais fait exploser les ventes de pralines avec une recette de 1723

Un matin d'octobre au marché de la Croix-Rousse, Émilie publie une photo d'îles flottantes aux pralines roses sur son blog "Cuisine en folie". En 48 heures, 12 000 partages. Les praliniers artisanaux de Lyon tombent en rupture de stock.
Cette recette de sa grand-mère lyonnaise déclenche une vague nostalgique inattendue. Les Lyonnais redécouvrent leurs racines sucrées. Loin des bouchons touristiques de la Presqu'île, une cuisine familiale ancestrale ressurgit dans les cuisines de quartier.
Quand un blog ressuscite une recette de 1723
Le blog "Cuisine en folie" totalise 150 000 pralines roses vendues en trois semaines. Émilie, 34 ans, habitante de la Croix-Rousse, n'imaginait pas cet engouement. Sa grand-mère lui avait transmis cette recette d'îles flottantes aux pralines, datant du XVIIIe siècle.
Le quartier de la Croix-Rousse abrite depuis le XVIIe siècle les derniers ateliers praliniers authentiques. Comme à Flavigny pour ses anis, ces artisans perpétuent un savoir-faire menacé.
Les pralines roses lyonnaises naissent au XIXe siècle. Un pâtissier local s'inspire des roseraies du Rhône pour teinter ses pralines. Cette couleur rose pâle devient l'emblème sucré de Lyon.
Les pralines roses que les touristes ne trouvent jamais
Les vrais Lyonnais parcourent 20 minutes de métro pour leurs pralines authentiques. Dans les supermarchés de la Presqu'île, les touristes achètent des pralines industrielles colorées au E120. La différence saute aux yeux et au palais.
Le secret de la couleur et du croustillant
La Pralinerie Mazet, installée Croix-Rousse depuis 1903, caramélise à 165°C exactement. Le cuivre étamé donne ce croustillant unique. François Pralus perpétue cette tradition dans ses trois ateliers lyonnais : 32 rue de Brest, 27 rue Saint-Jean, 3 Grande Rue de la Croix-Rousse.
Thierry Marneur de "A la Marquise" explique : "Nos pralines gardent leur forme irrégulière, leur couleur rose naturelle. L'industriel standardise, nous préservons l'âme artisanale."
Les 3 adresses que les Lyonnais gardent secrètes
L'Atelier Sève dans le Vieux Lyon transmet son savoir sur quatre générations. Visites guidées le mercredi à 10h, 12 € sur réservation. Au marché Saint-Antoine, la Famille Reynaud vend ses pralines uniquement le samedi matin, 7 € le kilo.
Comme au marché millénaire de Palerme, ces traditions se transmettent de génération en génération. La gestuelle reste identique depuis 200 ans.
Dans les cuisines lyonnaises, l'automne sent la praline
Chaque dimanche d'octobre, 200 cuisines de la Croix-Rousse préparent la même recette. Pierre, habitant du quartier depuis 30 ans, témoigne : "Ma grand-mère montait ses blancs à la main, incorporait les pralines concassées au dernier moment."
La recette des îles flottantes que tout Lyon connaît
Six blancs d'œufs montés en neige ferme. 200 grammes de pralines roses concassées grossièrement. Crème anglaise vanille maison. Sophie, journaliste gastronomique au Progrès, précise : "Le secret réside dans l'incorporation délicate des pralines. Trop mélangées, elles perdent leur croquant."
Cette simplicité contraste avec les desserts étoilés à 25 €. Les îles flottantes aux pralines coûtent 3 € au marché. L'émotion surpasse la technicité.
Les autres trésors sucrés que les bouchons ne servent pas
Les bugnes lyonnaises du carnaval, la tarte à la praline version Saint-Genix, le coussin de Lyon au chocolat praliné Voisin. Comme les ocres de Provence, ces spécialités colorent l'identité locale.
Claire Berthelot, guide conférencière à l'Office de Tourisme Lyon, observe : "Les jeunes Lyonnais rejettent la standardisation. Ils veulent retrouver leurs racines gustatives authentiques."
Ce que cette vague nostalgique dit de Lyon en 2025
Lyon oscille entre innovation culinaire et tradition familiale. Les chefs étoilés du quartier Confluence côtoient les grand-mères de la Croix-Rousse. Cette dualité forge l'identité lyonnaise contemporaine.
Paris a perdu ses recettes de quartier sous la pression touristique. Lyon protège encore ses secrets familiaux. Comme certains villages échappent aux masses, ces traditions résistent à la mondialisation.
Jean-Pierre Vigato, chef étoilé à La Ferme des Prés, confirme : "À Lyon, chaque plat raconte une histoire intergénérationnelle. C'est un patrimoine vivant qui se transmet dans les cuisines familiales."
Vos Questions Sur Cette Cuisine Lyonnaise Familiale Répondues
Où acheter les vraies pralines roses à Lyon ?
Pralinerie Mazet Croix-Rousse propose ses pralines à 8 € le kilo, couleur rose naturelle garantie. L'Atelier Sève Vieux Lyon vend à 9,50 € le kilo, calibre irrégulier préservé. Au marché Saint-Antoine, 7 € le kilo le samedi matin uniquement. Évitez les boutiques Presqu'île vendant de l'industriel importé.
Peut-on visiter un atelier de pralinier lyonnais ?
L'Atelier Sève organise des visites guidées à 12 € le mercredi matin. Réservation obligatoire. La Pralinerie Mazet offre une vitrine visible depuis la rue, démonstrations certains samedis. Arrivez tôt pour observer la caramélisation en direct et goûter les pralines encore tièdes.
Comment cette cuisine se compare-t-elle aux bouchons touristiques ?
Les vrais bouchons lyonnais se cachent en Croix-Rousse et Vieux Lyon haute ville. Menu 15-25 €, clientèle 90% locale, carte uniquement en français. Les bouchons touristiques Presqu'île affichent 35 €, servent 80% de touristes, proposent des quenelles industrielles. Les locaux reconnaissent l'authenticité : pas de photos de plats, patron en salle.
Un dimanche d'octobre 2025, les fenêtres de la Croix-Rousse exhalent le caramel chaud et la vanille. Deux cents cuisines préparent les mêmes îles flottantes que leurs arrière-grands-mères en 1923. Lyon ne se visite pas. Elle se goûte, se transmet, se préserve. Une praline rose à la fois.