Au 46 rue du Bac, 30 000 visiteurs par an découvrent ce que les musées cachent

Dans cette boutique parisienne de 300 m², 30 000 visiteurs par an découvrent ce que les musées ne montrent plus. Au 46 rue du Bac, derrière une façade classique du 18e siècle, se cache un univers que les catastrophes n'ont jamais réussi à détruire.

L'adresse semble ordinaire dans ce 7e arrondissement tranquille. Pourtant, depuis 1831, la Maison Deyrolle défie le temps avec ses collections d'animaux naturalisés et ses planches pédagogiques colorées.

Un hôtel particulier transformé en arche de Noé parisienne

Les boiseries centenaires accueillent tigres, ours polaires et girafes dans un silence studieux. L'ancien hôtel de Samuel-Jacques Bernard, banquier de Louis XIV, abrite depuis 1888 ce cabinet de curiosités unique.

À 1,4 km du musée d'Orsay et 3 km de la Tour Eiffel, Deyrolle cultive une atmosphère hors du temps. Les grandes verrières diffusent une lumière dorée sur les vitrines de papillons multicolores.

Cette institution confidentielle révèle ce que les grands musées masquent : l'intimité d'une collection privée accessible à tous.

Deux siècles de science vivante — de Jean-Baptiste Deyrolle à aujourd'hui

Jean-Baptiste Deyrolle, taxidermiste lillois passionné d'entomologie, fonde cette maison en 1831. Son fils Émile développe en 1866 les célèbres planches murales pédagogiques, utilisées dans les écoles du monde entier.

La devise d'Émile résonne encore : « L'éducation par les yeux fatigue le moins l'intelligence ». Ces planches colorées ont instruit des générations d'écoliers français et internationaux.

L'éthique derrière la beauté : taxidermie responsable

Deyrolle respecte strictement les conventions CITES pour la provenance de ses animaux. Zoos et décès naturels alimentent exclusivement les collections, garantissant une approche éthique de la taxidermie.

Vidéo du jour

L'atelier visible au public révèle les gestes ancestraux des taxidermistes. Valérie Breillat, directrice du département entomologie, confie : « J'ai eu un coup de foudre pour cet univers auquel je ne connaissais rien. »

Les planches murales : quand l'éducation devient art

Depuis 1866, ces œuvres pédagogiques traversent les époques. Aujourd'hui rééditées entre 10 et 30 €, elles séduisent collectionneurs et enseignants par leur esthétique vintage intemporelle.

Ces trésors pédagogiques rivalisent avec les collections botaniques les plus prestigieuses par leur précision scientifique et artistique.

Vivre Deyrolle : une expérience sensorielle accessible

L'entrée gratuite permet une déambulation libre sur plusieurs étages. L'odeur des boiseries anciennes se mêle au silence contemplatif des visiteurs face aux collections.

Les reflets sur les vitrines de papillons créent un kaléidoscope naturel. Chaque recoin révèle une nouvelle merveille : assemblages d'insectes sur planches, outils anciens de l'atelier, fossiles rares.

Les incontournables à ne pas manquer

Le grand taureau naturalisé domine le rez-de-chaussée. Les assemblages d'insectes multicolores fascinent par leur précision géométrique. L'atelier avec ses outils centenaires raconte l'histoire du métier.

Cette adresse parisienne cache un artisanat d'excellence, comparable aux derniers laboratoires argentiques de la capitale.

Quand visiter ? Le secret des heures creuses

Mai-juin et septembre-octobre offrent le climat parisien idéal. Privilégier les matinées en semaine garantit une atmosphère contemplative optimale.

Avec 30 000 à 50 000 visiteurs annuels contre 4 millions au Louvre voisin, Deyrolle préserve son intimité confidentielle.

Ce que les touristes ignorent — et que les locaux murmurent

Les Parisiens du 7e considèrent Deyrolle comme leur « musée secret ». Cette confidentialité préserve l'authenticité du lieu face aux flux touristiques massifs.

En 2025, Deyrolle innove avec sa gamme « rogue taxidermy » mêlant hybridations artistiques et naturalisme traditionnel. Des ateliers pédagogiques pour enfants complètent cette évolution moderne.

L'incendie de 2008 qui détruisit 90 % des collections a mobilisé le monde culturel international. Cette concentration exceptionnelle de richesses culturelles justifiait une telle solidarité.

Vos questions sur Deyrolle, Paris, boutique de taxidermie et cabinet de curiosités répondues

Comment accéder à Deyrolle depuis les gares parisiennes ?

Depuis Gare Montparnasse : 10 minutes en taxi ou 15 minutes via métro ligne 12. Depuis CDG/Orly : 30-45 minutes en RER avec correspondance. Coût taxi CDG : 50-60 €. Coordonnées GPS : 48.8529° N, 2.3265° E.

Quel budget prévoir pour une visite complète ?

Entrée gratuite, achats optionnels à partir de 20 €. Budget journée parisienne : hébergement 70-250 € selon standing, repas brasserie 15-35 €, musées voisins Orsay-Rodin 15-20 €. Deyrolle reste l'une des rares expériences culturelles parisiennes gratuites de ce niveau.

En quoi Deyrolle diffère-t-il du Muséum d'Histoire Naturelle ?

Deyrolle mêle cabinet de curiosités intime et atelier artisanal vivant, là où le Muséum privilégie l'approche scientifique institutionnelle. Atmosphère vintage unique, fréquentation confidentielle, libre déambulation caractérisent cette expérience authentique du 7e arrondissement.

Le visiteur ressort dans la lumière parisienne de la rue du Bac, emportant le reflet d'un papillon bleu morpho sur une vitrine ancienne. L'odeur des boiseries centenaires et le silence studieux de l'atelier habitent encore sa mémoire.