Ce village de 350 habitants a supprimé ses trottoirs pour 1000 rosiers anciens

Vous roulez dans la campagne tourangelle quand soudain, plus de trottoirs. À leur place, des milliers de rosiers grimpent aux façades de pierre claire. Bienvenue à Chédigny, seul village de France classé "Jardin remarquable" depuis 1998.

Cette commune d'Indre-et-Loire a accompli l'impossible. Transformer 350 habitants en jardiniers passionnés. Remplacer le bitume par 1000 rosiers et 3000 vivaces.

Quand 1000 rosiers remplacent les trottoirs

En 1998, Pierre Louault lance une révolution botanique. Ce maire passionné de roses anciennes supprime tous les trottoirs du village. L'idée paraît folle.

Vingt-sept ans plus tard, le miracle a eu lieu. Les rues débordent de Nuage parfumé, Pénélope et Louise Odier. Ces variétés anciennes escaladent chaque façade, chaque portail.

Les chiffres donnent le vertige. Plus de 1000 rosiers plantés, 270 variétés différentes, 1500 bulbes qui éclosent au printemps. Sans oublier 3000 vivaces et graminées qui assurent la floraison toute l'année.

Le succès dépasse les espérances. Premier village français labellisé "Jardin remarquable" en 2013. Renouvellement avec félicitations du jury en 2023. Quatre fleurs au concours national Villes et Villages Fleuris.

Le jardin de curé que le XIXe siècle a oublié

Au cœur du presbytère restauré en 2016 se cache une rareté. Un jardin de curé reconstitué selon les modèles du XIXe siècle. Ces espaces ont presque disparu de France.

Un carré d'apothicaire vivant

Le carré de l'apothicaire rassemble plantes médicinales et aromatiques. Thym, sauge, camomille poussent comme au temps des remèdes de grand-mère. Une nef végétale de rosiers grimpants surplombe le tout.

Vidéo du jour

Marie-Paul Guilbaud, horticultrice, confirme la rareté : "Ce jardin associe plantes décoratives, médicinales et aromatiques comme au XIXe siècle. C'est exceptionnel en France."

Le pont sur l'Indrois construit en 1872

Le pont de pierre enjambe l'Indrois avec son arche gallo-romaine. Point de photo emblématique du village. Le paysage vallonné évoque la campagne anglaise ou la douceur toscane.

Plusieurs kilomètres de rues végétalisées serpentent entre les maisons. L'architecture tourangelle traditionnelle - pierre claire et tuiles rouges - se pare de couleurs changeantes selon les saisons.

Le festival des roses que 15 000 visiteurs attendent

Fin mai, Chédigny vit au rythme de son festival. Plus de 60 exposants investissent les rues fleuries. Rosiéristes, pépiniéristes et artisans locaux partagent leur savoir-faire.

100 exposants entre pépiniéristes et artisans

L'événement reste gratuit ou à participation modique. Les ateliers de formation jardinage coûtent 20 à 40 €. Une aubaine comparé aux tarifs parisiens.

L'affluence atteint 15 000 visiteurs sur le week-end. Soit 40 fois la population locale. Pourtant, l'authenticité demeure. Contrairement à d'autres villages submergés par le tourisme de masse.

Rillettes et chenin dans les ruelles fleuries

La gastronomie tourangelle accompagne parfaitement la balade. Volailles de Loire, rillettes maison, fromages de chèvre locaux. Les restaurants traditionnels affichent 25 à 40 € le repas.

L'hébergement reste abordable. Comptez 50 à 120 € la nuit en chambre d'hôtes ou gîte. Septembre propose une alternative culturelle avec le festival de musique baroque dans l'église du village.

Cette authenticité que Giverny a perdue

Le contraste frappe avec les jardins de Giverny. Chédigny accueille 15 000 visiteurs par an contre plus de 300 000 pour le fief de Monet. La différence se ressent immédiatement.

Ici, les habitants participent activement. Ils entretiennent "leurs" rosiers, prolongent l'espace public par leurs jardins privés. Pierre Louault l'avait prédit : "Redonner la rue aux habitants, en faire un lieu de rencontre et de partage."

Les prix restent doux. Hébergement 30% moins cher qu'à Giverny. Restauration plus accessible. La région Centre-Val de Loire offre cette tranquillité préservée à 2h30 de Paris.

Vos questions sur le village de Chédigny répondues

Quelle est la meilleure période pour visiter ?

Fin avril à début juin pour la floraison maximale des rosiers. Le festival des roses fin mai reste le moment phare. Septembre séduit par ses couleurs automnales et le festival de musique baroque. Évitez l'hiver, période de repos végétal.

Comment accéder depuis Paris ?

Voiture recommandée : 2h30 par l'A10 puis routes départementales. Comptez 40 € de carburant aller. En train : gare de Loches à 10 km, accessible via Tours puis TER. Durée totale 2h30 à 3h pour 30 à 50 €.

Chédigny coûte-t-il aussi cher que Giverny ?

Non, budget nettement plus accessible. Hébergement 50-120 € contre 100-200 € à Giverny. Repas 20-35 € contre 30-50 €. Le jardin de curé coûte 5-7 €. L'expérience transformative reste la même.

Un matin de mai, vous longez une façade où Louise Odier escalade la pierre claire. L'air sent la rose ancienne et cette tranquillité de 350 âmes qui ont choisi de vivre dans un jardin.